Tout jeune au primaire, on nous apprend l’alphabet, à lire, à écrire et on nous montre l’importance des livres. Dans ces belles années, où le monde est encore petit pour nous, mais à découvrir, il est capital de se faire des histoires, s’en raconter et s’en faire conter.
C’est de là que j’ai fait ma rencontre avec l’imaginaire. Lui, il pouvait aller partout, faire tout ce qu’il voulait, être une « bibitte » extraordinaire et j’adorais ça. Pour dire vrai, je l’enviais de pouvoir se mouvoir comme il le faisait, de laisser aller toute sa créativité et de décider son identité. Bien sûr, je ne l’avais pas réalisé au primaire, c’est après mûre réflexion que j’ai compris.
Tout mon univers ne tournait qu’autour de ce genre de bouquin. Le premier livre dont je me rappelle où je me suis identifiée à un personnage, c’était dans la série de livre L’atlas de Diane Bergeron. Je voulais tellement être ce petit garçon qui voyageait partout autour du monde, affrontait mille et une péripéties, pour au final, vivre une superbe expérience. Je l’enviais, je l’ai relu et relu, attendais chacun de ses livres. Peu-être est-ce de là que je tiens ma passion pour les voyages, qui sait?... Et je crois que c’est là qu’est venu mon addiction, ma tradition lorsque j’ai un livre.
http://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=2326809&def=Atlas+myst%C3%A9rieux(L%27)+%2301%2cBERGERON%2c+DIANE%2cSAMPAR%2c9782896074167
Mes livres, depuis ce temps, doivent être lisses, droits, sans blessures, accrochages, comme s’ils n’avaient jamais été lus… Comme si personne n’avait percé leurs secrets, mais moi, si. Je lisais en ouvrant le moins possible mes romans, comme s’il ne fallait pas les profaner, car leurs messages étaient sacrés, comme si je gardais une partie de moi enfermée, pour qu’elle ne soit jamais découverte et que je continue à vivre, comme Tom Jedusor avec ses Orcrux dans Harry Potter. J’interdisais ma sœur de lire mes livres, de me les voler, car sinon elle avait droit à une crise. Quiconque ayant vu un livre de ma sœur savait qu’il avait été lu et pas à peu près. Il avait passé un mauvais quart d’heure, c’est certain. J’avertissais ma mère de faire attention aussi, sinon je voulais qu’elle m’en rachète un neuf. Le pire avec été quand mon chat avait mordu mes pages du premier livre de la série Pandora de Carolyn Hennesy. J’en avais pleuré. C’était une autre série que j’adorais où je me reconnaissais en la fille qui avait fait une erreur et devait se racheter, une série importante, mais pas LA plus significative…
http://www.ada-inc.com/pandora-et-la-jalousie.html
La série de ma jeunesse la plus marquante a été Le royaume de Lénacie de Priska Poirier. Ça a été le deuxième roman où je sentais le personnage vivre en moi, mais c’était le premier à être une jeune fille. La fille ordinaire, qui du jour au lendemain, devient une sirène, c’était magique dans mes yeux d’enfants. Je voulais être elle, moi qui rêvais souvent de sirènes. L’eau était et est toujours mon élément préféré. Mon animal préféré était le dauphin. Je m’imaginais être elle, avoir sa vie et vivre tous ses moments fantastiques qu’elle vivait. Elle réalisait mon rêve de nager avec des créatures si belles et intelligentes! À chaque nouveau livre je relisais la série entière. Et enfin, lorsque le tout dernier est paru, je les ai tous lus en seulement un après-midi! Cinq ou six romans de 300 pages chacun. J’étais motivée, et je voulais à tout prix savoir ce qui arrivait à mon héroïne. Elle a été l’origine de bien nombre de jeux avec mes copines du primaire et lorsque je me lavais, je m’imaginais devenir une sirène au minime contact de l’eau avec des écailles comme les siennes, je me croyais presque. Je me disais que cela ne fonctionnait pas puisque je n’étais pas dans l’eau salée comme elle. C’était fabuleux de se sentir comme ça.
https://editionsdemortagne.com/produit/le-royaume-de-lenacie-les-epreuves-dalek-tome-1/
Au début de ma découverte de l’imaginaire, je me sentais un peu comme celle de trop, l’inconnue dans tous ça, la bizarre, puisque ma sœur, lisait, de son côté, des livres parlant de la vraie vie. Je me suis toujours sentie comme si je n’étais pas normale, mais avec le temps ça a passé, et je suis bien heureuse d’être passée par là. Ces aventures de l’imaginaire, m’ont permises de me découvrir, de m’évader de la vie réelle et de me créer un monde dans lequel je me sentais bien et où je pouvais être moi, sans jugement des autres…
Hommage à tous les livres du monde entier, merci d’exister, de nous aider au quotidien, de nous faire nous évader, nous découvrir. Vous êtes tellement importants dans une vie. Vous nous aidez à nous bâtir et nous faire devenir quelqu’un et au meilleur qu’il soit.